Page 283 - Les Mile et une nuits - conte orientale libre de droit, par DZWEBDATA.COM
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capable. » À ces mots le monstre reprit
le sabre, et coupa une
des mains de la princesse, qui n’eut
que le temps de me faire un
signe de l’autre, pour me dire un
éternel adieu, car le sang
qu’elle avait déjà perdu et celui
qu’elle perdit alors ne lui permi-
rent pas de vivre plus d’un moment ou
deux après cette dernière
cruauté dont le spectacle me fit
évanouir.
« Lorsque je fus revenu à moi, je me
plaignis au génie de ce
qu’il me faisait languir dans l’attente
de la mort. « Frappez, lui
dis-je, je suis prêt à recevoir le coup
mortel ; je l’attends de vous
comme la plus grande grâce que vous me
puissiez faire. » Mais
au lieu de me l’accorder : « Voilà me
dit-il, de quelle sorte les
génies traitent les femmes qu’ils
soupçonnent d’infidélité. Elle
t’a reçu ici ; si j’étais assuré
qu’elle m’eût fait un plus grand ou-
trage, je te ferais périr dans ce
moment ; mais je me contenterai
de te changer en chien, en âne, en lion
ou en oiseau : choisis un
de ces changements ; je veux bien te
laisser maître du choix. »