Page 439 - Les Mile et une nuits - conte orientale libre de droit, par DZWEBDATA.COM
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d’aller prendre un sabre. Et quand il
l’eut apporté : « Frappe, lui
dit-il ; coupe-lui le corps en deux et
va le jeter dans le Tigre.
Qu’il serve de pâture aux poissons :
c’est le châtiment que je fais
aux personnes à qui j’ai donné mon cœur
et qui me manquent
de foi. » Comme il vit que l’esclave ne
se hâtait pas d’obéir :
« Frappe donc, continua-t-il : qui
t’arrête ? qu’attends-tu ?
« - Madame, me dit alors l’esclave,
vous touchez au dernier
moment de votre vie : voyez s’il y a
quelque chose dont vous
vouliez disposer avant votre mort. » Je
demandai la liberté de
dire un mot. Elle me fut accordée. Je
soulevai la tête, et, regar-
dant mon époux tendrement : « Hélas !
lui dis-je en quel état
me voilà réduite ! il faut donc que je
meure dans mes plus beaux
jours ! » Je voulais poursuivre, mais
mes larmes et mes soupirs
m’en empêchèrent. Cela ne toucha pas
mon époux : au
contraire, il me fit des reproches, à
quoi il eût été inutile de re-
partir. J’eus recours aux prières, mais
il ne les écouta pas, et il