Page 55 - Les Mile et une nuits - conte orientale libre de droit, par DZWEBDATA.COM
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leurs plaintes. En un mot, c’était le
              spectacle du monde le plus touchant.
              Dès le lendemain, le marchand songea à
              mettre ordre à ses affaires, et
              s’appliqua sur toutes choses à payer
              ses dettes. Il fit des présents à ses
              amis et de grandes aumônes aux pauvres,
              donna la liberté à ses esclaves de l’un
              et de l’autre sexe, partagea ses biens
              entre ses enfants, nomma des tuteurs
              pour ceux qui n’étaient pas encore en
              âge ; et en rendant à sa femme tout ce
              qui lui appartenait, selon son contrat
              de mariage, il l’avantagea de tout ce
              qu’il put lui donner suivant les lois.
               Enfin l’année s’écoula, et il fallut
              partir. Il fit sa valise, où il mit le
              drap dans lequel il devait être
              enseveli ; mais lorsqu’il voulut dire
              adieu à sa femme et à ses enfants, on
              n’a jamais vu une douleur plus vive.
              Ils ne pouvaient se résoudre à le
              perdre ; ils voulaient tous
              l’accompagner et aller mourir avec lui.
              Néanmoins, comme il fallait se faire
              violence, et quitter des objets si
              chers :
               « Mes enfants, leur dit-il, j’obéis à
              l’ordre de Dieu en me séparant de vous.
              Imitez-moi : soumettez-vous
              courageusement à cette nécessité, et
              songez que la destinée de l’homme est
              de mourir. » Après avoir dit ces
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