Page 61 - Les Mile et une nuits - conte orientale libre de droit, par DZWEBDATA.COM
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dessein qu’elle méditait, la scélérate
mena mon fils dans un lieu écarté. Là,
par ses enchantements, elle le changea
en veau, et le donna à mon fermier,
avec ordre de le nourrir, comme un
veau, disait-elle, qu’elle avait
acheté.
Elle ne borna point sa fureur à cette
action abominable : elle changea
l’esclave en vache, et la donna aussi à
mon fermier.
« À mon retour, je lui demandai des
nouvelles de la mère et de l’enfant : «
Votre esclave est morte, me dit-elle ;
et pour votre fils, il y a deux mois
que je ne l’ai vu, et que je ne sais ce
qu’il est devenu. » Je fus touché de la
mort de l’esclave ; mais comme mon fils
n’avait fait que disparaître, je me
flattai que je pourrais le revoir
bientôt. Néanmoins huit mois se
passèrent sans qu’il revînt, et je n’en
avais aucune nouvelle, lorsque la fête
du grand Baïram arriva. Pour la
célébrer, je mandai à mon fermier de
m’amener une vache des plus grasses
pour en faire un sacrifice.
Il n’y manqua pas. La vache qu’il
m’amena était l’esclave elle-même, la
malheureuse mère de mon fils. Je la
liai ; mais dans le moment que je me
préparais à la sacrifier, elle se mit à
faire des beuglements pitoyables, et je