Page 28 - GUERRE DE JUGHURTA par SALLUSTE - Traduction Ch. Durozoir - 1865 - DZWEBDATA
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signal donné, se jettent sur le camp ennemi. Les Numides
d'Adherbal sont mis en fuite et dispersés, les uns à moitié
endormis, les autres comme ils prennent leurs armes.
Adherbal, avec quelques cavaliers, se réfugie dans Cirta et
s'il ne s'y fût trouvé une multitude d'Italiens assez
considérable pour écarter des murailles les Numides qui le
poursuivaient, un seul jour aurait vu commencer et finir la
guerre entre les deux rois. Jugurtha investit donc la ville :
tours, mantelets, machines de toutes espèces, rien n'est
épargné pour la faire tomber en sa puissance. Il voulait, par
la promptitude de ses coups, prévenir le retour des
ambassadeurs, qu'il savait avoir été envoyés à Rome par
Adherbal avant la bataille. Cependant le sénat, informé de
cette guerre, députe en Afrique trois jeunes patriciens
chargés de signifier aux deux princes ce décret : « Le sénat
et le peuple romain veulent et entendent qu'ils mettent bas
les armes, qu'ils terminent leurs différends par les voies de
droit, et non par la guerre : ainsi l'exige la dignité de Rome
et des deux rois ».
XXII. Les commissaires romains mirent d'autant plus de
célérité dans leur voyage, qu'à Rome, au moment de leur
départ, on parlait déjà du combat et du siège de Cirta ; mais
on ne soupçonnait pas la gravité de l'événement. Au
discours de ces envoyés, Jugurtha répondit que rien n'était
plus cher et plus sacré pour lui que l'autorité du sénat ; que,
dès sa plus tendre jeunesse, il s'était efforcé de mériter
l'estime des plus honnêtes gens ; que c'était à ses vertus, et
non pas à ses intrigues, qu'il avait dû l'estime du grand
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