Page 85 - GUERRE DE JUGHURTA par SALLUSTE - Traduction Ch. Durozoir - 1865 - DZWEBDATA
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préconisent outre mesure le mérite de Marius. Enfin, ils
échauffent tellement l'esprit de la populace, que les
artisans, les laboureurs, et tous les citoyens qui n'avaient
d'autre existence, d'autre crédit, que le travail de leurs
mains, quittent leur ouvrage pour faire cortège à Marius, se
privant ainsi du nécessaire afin de hâter son élévation.
Ainsi, pour l'abaissement de la noblesse, après une longue
suite d'années, on vit le consulat déféré à un homme
nouveau. Bientôt après, le peuple, consulté par Manilius
Mancinus, l'un de ses tribuns, sur le choix du général qui
serait chargé de la guerre de Jugurtha, proclame Marius
avec acclamation. Le sénat avait quelque temps auparavant
désigné Metellus ; mais son décret fut comme non avenu.
LXXIV. Cependant, privé de ses amis, dont il avait fait
périr la plupart, ou qui, par crainte, s'étaient réfugiés chez
les Romains ou chez le roi Bocchus, Jugurtha, ne pouvant
faire la guerre sans lieutenants, et redoutant de se fier à de
nouveaux confidents, après tant de perfidie de la part des
anciens, était en proie à l'incertitude, à l'irrésolution.
Mécontent de sa fortune, de ses projets, et de tout le
monde, il changeait tous les jours de routes el d'officiers,
tantôt marchant contre l'ennemi, tantôt s'enfonçant dans les
déserts, mettant aujourd'hui son espoir dans la fuite, le
lendemain dans ses armes ; ne sachant s'il devait plus se
défier de la valeur de ses sujets que de leur fidélité, enfin,
partout où il dirigeait ses pensées, il ne voyait que
malheurs et revers. Au milieu de ces tergiversations,
Metellus se montre tout à coup avec son armée. Jugurtha
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