Page 154 - Histoires et Contes Arabes - Bibliothèque du bon vivant - 1927 - DZWEBDATA
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HISTOIRES ARABES
— Qu'Allah détruise la ville de Homs ! s'écria alors
le voyageur. C'est le comble I
— Ne te mets pas en colère, lui dit le cadi. Qu'y
a-t-il ?
L'étranger lui raconta tout ce qu'il avait vu.
—En voici rexplication, dit alors le cadi. Le muez-
zin ordinaire est malade : ' alors nous avons loué un
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juif pour faire son office ; ce juif veut bien proclamer
l'unité de Dieu, mais non la mission du Prophète
Mohammed (sur lui la bénédiction et les prières I)
Pour l'iman, il est arrivé en retard à la prière, et
avant d'entrer dans la mosquée a marché sur une
crotte ; n'ayant pas le temps de refaire ses ablutions,
il a retiré son pied souillé de la prière en se tenant
sur une seule jambe. Quant au mohtasseb qui vend
du vin, sache que cette mosquée devant laquelle il
est assis est très pauvrement dotée et n'a pour tout
habous (biens d'église, de mainmorte) qu'un champ
de vigne : il en vend le vin au profit de la mosquée.
Quant à ce jeune garçon que tu as trouvé avec moi,
c'est un orphelin qui est en tutelle: il est venu me
demander de lever cette tutelle et de le déclarer ma-
jeur, assurant qu'il est pubère. J'ai voulu m'en
assurer...
— Par Allah ! ces excuses sont pires encore que les
fautes ! s'écria le commerçant qui quitta cette ville en
jurant de n'y plus revenir.
Si Djeha lavait ses vêtements au bord d'une rivière
avec sa femme.
Survient un corbeau qui saisit le savon dans son
bec et s'enfuit avec à tire-d'ailes. La femme de Si
Djeha se met à crier ; mais îiii l'apaise en disant :
— Ne nous plaignons pas. Il a besoin de ce savon :
ses vêtements sont encore plus noirs que les nôtres.
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