Page 164 - Histoires et Contes Arabes - Bibliothèque du bon vivant - 1927 - DZWEBDATA
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HISTOIRES ARABES
même temps, déclara la fille stylée par sa mère. Si tu
veux l'autre, tu peux aller la chercher chez ma mère.
Elle est démontable et se porte sur gonds.
L'homme se mit aussitôt en route, et sa belle-mère
lui remit le coffret en lui recommandant de ne l'oii-
yrir que quand il serait de retour chez lui.
Mais à moitié chemin, notre imbécile, éperonné par
le désir et poussé par la curiosité, voulut ouvrir la
boîte et profiter sur-le-champ de ce qu'elle contenait.
Il l'ouvrit donc dans une rue solitaire. Aussitôt l'oi-
seau déplumé s'envola et alla se percher sur un arbre
voisin. Il eut beau lui crier, en délaçant son seroual
(pantalon) : « Viens vite, petite vulve, arrive ici, voici
le zcb... )) il ne reçut que des piaillements en réponse.
Un djibli vint à Fès pour chercher le Kalam (la
parole), c'est-à-dire la science de la musique, des vers
et du chant,
A tous les fasis qu'il rencontrait, il demandait le
Kalam-. Mais on lui riait au nez.
•Enfin, il trouva quelqu'un qui lui répondit :
— Justement, j'en ai chez moi une grande quantité
à vendre. Viens à ma maison. Je te les remettrai.
Et il lui remit une outre pleine d'abeilles.
— Ne l'ouvre, lui recommanda-t-il, que quand tu
seras de retour à ton village. Réunis alors tout le
monde pour écouter les chants merveilleux et intro-
duis ta tête dans cette outre en fermant bien le col
sur ton cou. Prends bien soin à ne pas laisser nasser
l'air.
Il fit ainsi, et les abeilles se mirent à lui faire sen-
tir leurs dards.
— Il pique, le Kalam, s'éeria-t-il Jîlors. Il pique
bien fort, va Allah I
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