Page 201 - Histoires et Contes Arabes - Bibliothèque du bon vivant - 1927 - DZWEBDATA
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HISTOIRES ARABES
son fils en accusant la femme d'adultère, le fils lui
déclara :
— Mais c'est moi-même qui étais avec elle...
Et l'épouse infidèle évita le déshonneur.
Le beau-père n'en était pas pour cela moins con-
vaincu de sa trahison. Il y avait dans le pays un arbre
sacré devant lequel personne n'eût osé faire un par-
jure. Il y assigna sa bru. Celle-ci prévint son amant
qui se déguisa en ànier et, le jour venu, conduisit
l'âne sur lequel monta la femme pour se rendre à
l'arbre en question.
Arrivée devant l'arbre, la femme fît exprès de tom-
ber en retroussant sa robe comme par accident devant
l'ânier.
Puis, sans hésiter, elle s'avança vers l'arbre sacré
et prononça le serment redoutable.
— Je jure, dit-elle, que je n'ai jamais été vue par
un autre homme que mon mari... et aussi cet ânier
devant lequel je suis tombée par hasard tout à l'heure.
Devant tant de ruse, le beau-père renonça à con-
vaincre son fils, et le laissa à son malheureux sort.
Le vieillard sévère, sur son renom d'austérité, de-
vint bientôt après le gardien en chef du harem royal.
Il surveillait impitoyablement les épouses et les con-
cubines de son maître.
Or, une nuit qu'il veillait dans le jardin des prin-
cesses, il vH un éléphant qui se dirigea vers la fenê-
tre de la première épouse du roi, prit son cornac au
bout de sa trompe et le fît ainsi pénétrer dans la
chambre.
— Si le roi lui-même, dans un harem si bien gardé,
n'est pas à l'abri de cette disgrâce, s'écria alors no-
tre vieillard à cette vue, je renonce à lutter contre
les ruses des femmes 1
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