Page 202 - Histoires et Contes Arabes - Bibliothèque du bon vivant - 1927 - DZWEBDATA
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HISTOIRES ARABES
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Un sultan incapable et tyiannique avait réduit son
pays à la misère. Heureusement pour ce peuple, un
des familiers du roi était un homme sage et avisé.
Un jour que le sultan était allé à la chasse avec
cet homme, ils entendirent un hibou qui semblait dis-
cuter avec un autre.
— Que peuvent-ils bien se dire ? fît le sultan.
— Sire, dit alors le sage en question, j'ai appris
autrefois le langage des oiseaux. Si tu veux, je puis
te répéter leurs paroles. Mais donne-moi d'avance
Vaman, et promets-moi de ne pas te mettre en colère.
— C'est accordé, déclara le sultan. Que disent-ils ^
— Sire, l'un des hiboux demanda à l'autre sa fille
en mariage. Le père a dit qu'il ne l'accorderait que
si l'autre fournissait comme dot dix villages en rui-
nes. Alors le fiancé a déclaré qu'il pourrait lui donner
cent villages ruinés, la chose étant facile sous ton
règne.
Le sultan comprit le reproche déguisé, et au lieu
de s'emporter, il eut assez de sagesse pour faire de
l'homme qui avait eu le courage de parler ainsi son
premier vizir.
Grâce au gouvernement de ce sage, le royaume
prospéra.
Mais au bout de quelques années, le sultan se lassa
de son vizir et voulut le remplacer. Comme il n'avait
rien à lui reprocher, il lui demanda de se retirer
bénévolement et de dire quelle faveur il désirait en
récompense de ses longs services.
— Sire, dit le vizir, je désire aller vivre solitaire
à la campagne et me consacrer à l'agriculture. Donne-
moi donc une terre inculte que je mettrai en valeur.
On chercha partout sans trouver une seuTe terre
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