Page 211 - Histoires et Contes Arabes - Bibliothèque du bon vivant - 1927 - DZWEBDATA
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HISTOIRES                             ARABES





           — Ce sont, dit-elle d'un ton      triste, les tarbouches
         de mes défunts maris... Allah ait leur âme I...
           A ces mots,    le prétendant   lui tend son tarbouche
         à lui, et s'en va en disant   :
           — Ma pauvre mère n'a que moi comme              fils... Je
         crains le sort de ceux-ci... Je te laisse mon tarbouche,
         mais laisse-moi la vie.

                                    3-C


           Un   aventurier   ignorant   ouvrit un     msid   (école)
         dans une   ville.  Il  se  coiffait  la  tête d'un  si énorme
         turban à un    si grand nombre de tours,        si volumi-
         neux et si haut, que personne ne doutait de sa science,
         et qu'il  eut beaucoup    d'élèves  confiés par des    pa-
         rents qu'impressionnait un     si magnifique turban.
           — Quel grand alem (savant)        !  disait-on.  Et quel
         admirable turban    !
           Gomime il ne savait pas même        lire,  il  se tira d'af-
         faire en chargeant les plus grands de ses élèves d'ap-
        prendre ce qu'ils savaient aux plus jeunes.
           Un jour, une femme dont le mari était allé au pèle-
         rinage de la Mecque, reçut une lettre de ce mari         et
         chercha    quelqu'un    pour    la  lui  déchiffrer.   Elle
         s'adressa au professeur.
           Celui-ci prit  le papier,  le tourna et le retourna,   le
         considéra longuement sans mot dire et d'un         air en-
         nuyé.  Il ne savait comment se tirer d'une épreuve où
         son prestige risquait de s'écrouler.
           La femme com^mença à être inquiète.
           — Les nouvelles sont mauvaises P        interrogea-t-elle
         anxieusement.
           Le faux lettré hocha la tête et continua à regarder
         tristement la  lettre.
                                                     fit la femme.
           — Mon pauvre mari est malade P..,
           Il continuait  à hocher   la  tête  e!  à ne rien dire.
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