Page 50 - Histoires et Contes Arabes - Bibliothèque du bon vivant - 1927 - DZWEBDATA
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HISTOIRES ARABES
Quelques jours ensuite, quatre autres paysans se
présentèrent : ils étaient les voisins de l'homme qui
avait apporté le lièvre. Le propriétaire de la ferme
leur fît donner des pains et des brochettes de viande
grillée.
Puis une dizaine de paysans arrivèrent en décla-
rant :
— Nous sommes les voisins des voisins de celui
qui t'a donné le lièvre.
Alors, le bourgeois les invita très courtoisement,
les fît entrer dans une salle bien meublée, et quand
ils furent assis sur de moelleux coussins, il fit pas-
ser devant chacun d'eux un verre d'eau claire.
— Voici, dit-il, la sauce de la sauce du lièvre qui
m'a été donné l'autre jour. Qu'Allah vous donne bon
appétit !
Un sultan du Maroc envoya un jour un de ses favo-
ris lui acheter à Constantinople plusieurs belles escla-
ves circassiennes.
Le courtisan s'acquitta de la commission et ramena
à Fès quatre ravissantes adolescentes, blanches et
radieuses comme la lune, flexibles comme le bambou,
jeunes et vierges.
Du moins elles étaient vierges toutes les quatre au
départ.
Mais en route, notre homme trouva
le temps lonc
et ne résista pas à la tentation,
si bien qu'à l'arrivée''
le sultan lui demanda d'un ton sévère pourquoi
l'une des jeunes filles avait perdu ce qui ne peut se
retrouver.
Le favori risquait sa tête, mais il savait que son
maître était sensible aux vers bien tournés et aux
mots spirituels.