Page 86 - Histoires et Contes Arabes - Bibliothèque du bon vivant - 1927 - DZWEBDATA
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HISTOIRES                             ARABES





     ventre, à quatre pattes ou assise sur toi  ; mais prends-
     moi tout de    suite. Sinon,  je  crie, j'ameute  les  voi-
     sins,  et je dis que  c'est  toi qui as forcé la porte de
     ma demeure pour me violenter.
       Le danger était grave, car on a      le droit de mettre
     à mort celui qui pénètre de force ou par ruse dans
     une demeure privée, surtout celle d'une femm^e.
       L'homme dut s'exécuter.
       Mais l'effrontée insatiable ne lui   fît pas grâce pour
     si peu. Elle le garda sous clef pendant trois jours, et
     ne le laissa partir qu'après l'avoir exténué et vidé de
     tout  le suc de ses moelles.




        Bahlcul et sa femme Baliloula, pas plus intelligente
     que   lui,  se promènent dans    la campagne avec leur
     jeune   fils.
        Ils voient d'abord un arbre dont le feuillage tremble
     au vent.
        — Pauvre arbre     !  disent-ils.  Il frissonne de  froid.
      II a la fièvre.  Il faut le réchauffer.
        Et  ils l'enveloppent charitablement de      leurs  bur-
      nous...
        Puis   ils  passent  devant une mare où        coassent
      bruyamment     des   grenouilles.   Le  bruit   ressemble
      tout  à  fait  à eelui qui  sort d'un  insid  (école  cora-
      nique) quand    les élèves  récitent tous ensemble leur
      leçon sous la férule du maître.
        — Voici un msid, s'écrie Baliloula.
        — Mettons-y notre     fils, dit Bahloul.
        Et  ils jettent l'enfant dans la mare. On entend un
      Hoc! Puis    le  silence.  Les  grenouilles,  effrayées,  se
      taisent.
        — Ses    camarades    reçoivent  notre   fils  avec  hon-
      neur, se réjouit l'idiot.
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